Un sport "expulsateur"

C'était depuis environ deux mois, deux mois que j'avais en fait, tout perdu. J'avais toujours vécu fermé et loin des autres; et quand je trouvais la personne, celle qui était destinée à m'ouvrir à la société, et bien quoi, je tombais amoureux d'elle et gâchais notre relation. Ce n'était pas que j'étais un garçon difficile, mais avoir Suki sans réellement l'avoir, c'était vraiment dur. Alors j'avais mis un terme à notre relation. Est-ce que je regrettais? Je ne sais pas. Tout était compliqué. Si je redevenais son ami, est ce que je n'aurai pas encore envie de plus? Bien sûr, je n'avais pas envie de la perdre entièrement...Mais ça c'était trop tard (ou pas?). Mis à part Ryoko, et encore, je n'avais parlé à personne durant plus de soixante jours. Heureusement, j'avais trouvé un nouveau moyen e me défouler, pour ne pas étouffer.

La peinture Et la cuisine ayant un rapport avec Suki, je devais trouver quelque chose qui m'aide extérieurement. On m'a alors dirigé vers le sport. Ainsi, j'avais choisi le basket. D'un short et d'un long et large T-shirt, je venais tous les soirs sur un petit terrain où je ne trouvais presque personne, pour m'entraîner... marquer. Et c'était vrai que je ça m'aidais. Ca m'aidait à ne pas craquer malgré mon manque de communication. D'ailleurs, j'étais sorti aujourd'hui dans le but d'une séance intensif car j'avais croisé Suki aujourd’hui encore et comme j'avais osé la regardé, ça avais été un peu plus dur que d'habitude.

Marqué. Le ballon retentissait par terre dans un bruit creux. Je transpirais et il commençait à faire nuit. JE devais bien être là depuis deux heures et demi et j'étais déjà épuisé... Enervé de ce jour, de ces deux derniers mois, de ma vie, je frappais contre le grillage par un coup avant de m'asseoir, la tête placée entre mes mains. Mon souffle retentissait dans le silence d'une soirée de début mars. Je me redressait finalement, m'appuyant contre le grillage, pour voir, à l'entrée...Suki."C'est pas vrai".

Je n'avais jamais parlé de cet incident à Kenzo. Biensûr, je lui avais beaucoup parlé de Katsuo, mon premier ami, les mêmes goûts, nos sorties rigolades. Mais Kenzo s'était inquiété, car à l'époque, l'histoire "Zeta" était encore récente, et je pense que mon Ange avait peur qu'il m'arrive quelque chose. S'il était jaloux, il ne l'avait montré que très discrètement, car je lui avais dit de me faire confiance à ce sujet. Voilà peut-être pourquoi je me sentais si mal : quelque part, le fait de ne pas lui parler des baisers de Katsuo trahissait peut-être cette confiance. Mais je ne voulais pas qu'il s'angoisse, ni qu'il se torture l'esprit en veillant sur moi, lui qui faisait déja tant pour que ma vie soit belle. Je voulais montrer à Kenzo que j'étais forte, suffisament pour régler mes problèmes seule. Mais je devais être sacrément faible, car aucun résultat ne prouvait le contraire...

Ce soir là, j'avais décidé de faire avancer les choses. C'était à moitié hasardeux, j'avais juste entendu une rumeur des filles du "fan-club" de Katsuo qui disait qu'il venait régulièrement sur le terrain de basket. Je n'aimais pas vraiment ces filles. Elles étaient toujours agglutinées autour de lui, à noter faits et gestes alors que lui faisait très clairement semblant de ne pas les remarquer. De plus, elles m'avaient menacé, rien de bien grave bien sûr, mais tout de même, lorsque le garçon et moi étions encore amis et proches. Pire que des lycéennes. Mais je n'avais pas relevé, je ne m'abaissais pas à leur niveau. J'avais tout de même décidé de voir si la rumeur était vraie. En fait, j'avais juste envie de le voir lui.

Voila quelques minutes que j'étais restée tapie dans l'ombre, un sac à la main. Je l'observais, j'étais même concentrée sur chacun de ses mouvements, sans penser à rien d'autre. Ni notre passé, ni la gêne qui à présent nous liait, ni la douceur de ses lèvres, ni rien de tout cela. Seulement au bruit sourd du ballon sur le sol, et a la châine du panier qui claquait. Mais il finit par s'arrêter et me voir. Maintenant, il serait impossible, que ce soit pour lui ou pour moi, de s'éviter et de se défiler. Je quittais l'entrée et m'avançais sur le terrain. Il semblait fatigué, tellement fatigué. Pas que à cause de l'effort sportif, ses yeux étaient différents, plus affaiblis, plus veineux. Comme il semblait un peu désemparé, je lui addressais un sourire, pas hypocrite, mais sincère. Je ne souriais jamais pour acheter les gens. Puis je lui tendis mon sachet. Dedans, il y'avait deux grosses boules de soja, et une lettre. Il choisit de lire la lettre en premier :

*** Finalement, je n'ai jamais pu te le donner, mon dessert. Tu manques à ma vie. Reviens moi, s'il te plaît... ***

J'avais écrit de ma plus belle écriture, et avait passé plusieurs heures sur mes gâteaux. En réalité, j'en faisais toujours trois, et j'en goûtais un à chaque fois. Et comme je ne les jugeais pas assez bon, je les mettais de côté pour Kenzo, et recommençait, encore et encore, jusqu'à atteindre la perfection. Je voulais faire plaisir à Katsuo, mais pas seulement par l'intention. Je voulais vraiment que le "cadeau" lui plaise. Alors je les avais fait aux pommes et avec beaucoup de caramel, comme sa glace au parc, à notre première rencontre...

Avant de s'approcher de moi, j'avais eu le droit a un beau sourire. Un beau sourire comme ceux auxquels j'avais le droit avant. Je baissai la tête. Je ne devais pas goûter au fruit mortel, pas quand... je guérissais? Non, ça serait me mentir. Rien ne pouvait être pire qu'aujourd'hui. Je faisais encore mon "deuil" de mon amour envers Suki et je ne me sentais encore pas du tout prêt à dire que je ne l'aimais plus.

S'approchant de moi, elle me tendit un sachet. Je l'observais, lui, puis elle, avant de le prendre. J'avais accepté un sachet du fruit de ma tristesse. Lors de ces derniers jours j'avais surtout regardé certaines casettes thérapies ridicules, pour aider les gens qui avaient certains problèmes dépressifs. Bien sûr, je ne l'étais pas...Enfin, je ne l'étais pas? Je me disais que non en tout cas; bien que j'observais avec intérêt ces thérapies. L'homme qui s'adressait aux autres leur expliquait clairement qu'il fallait plusieurs quand cela n'allait pas à cause d'une personne; éviter toutes pensées envers elle, éviter la discussion, se dépenser, méditer, et le vouloir. J'avais honte de regarder ces conneries mais après tout, elles occupaient mon temps comme avant Suki le faisait.

J'ouvrais le sachet. Une feuille de papier, et deux boules de soja de grande taille. Je pris la feuille d'abord, pour y lire "Finalement, je n'ai jamais pu te le donner, mon dessert. Tu manques à ma vie. Reviens-moi, s'il te plaît... ". Chaque mot si soigneusement écrit me serrait le cœur. Je lui manquais. Elle voulais que je revienne. Bien sur, en tant qu'ami. Et c'était ce qui me tuait. Je laissais sortir un soupir serré, rejoignant ma main droite tenant le papier un peu plus bas que mon oeil. Et une toute petite larme coula. Une petite larme que je pris soins d'effacer avec ma main. J'avais honte de moi, bien sûr.

Mais en y réfléchissant bien, cette faiblesse que j'avais laissé sortir ne venait pas des mots de Suki. Ou pas totalement. Ces derniers mois avaient été horribles, et j 'étais littéralement épuisé. De tout. De ma solitude renouvelée, de mes insomnies, de l'alcool, et mon dieu, j'étais tombé si bas que j'avais osé toucher de la drogue. Une... ou deux fois. Je pensais aujourd'hui être vraiment tombé au plus bas. Mais une fois, une, ma mère m'avait dit une phrase que je me re mémorais, juste à cet instant. "Quand on est au plus bas, on ne peux que remonter à la surface", ou alors, quand tout a mal, le reste ne peux être que meilleur. Je levais la tête vers Suki. Je semblas m'être illuminé d'un coup. Oui, j'étais au plus bas. Et tout irai mieux. Je souris à Suki, de mieux que je pu:

-Merci...Merci

Je voulu la prendre dans mes bras, pas par signe d'amour mais pour remerciements, comme on remercierai une inconnue dans la rue, mais je me souvenais à l'instant que je transpirais trop pour ça. Je n'allais pas la salir parce que, tout d'un coup, je me sentais plus léger... Essuyant cette fois d'un revers de poing un peu de sueur sur mon visage, je pris ensuite une des boules de Soja, qui, mon dieu, était délicieuse. Je souris, beaucoup plus facilement

-Je crois que tu as gagné...

Je ne m'attendais pas à une telle réaction de la part de Katsuo quant à ma lettre et mon présent. Un jour Jun m'avait expliqué que les garçons ne pleuraient jamais, et surtout pas devant les filles. Moi j'avais trouvé ça bête. Et puis Katsuo ne pleurait pas, mais c'était une jolie petite larme humide, qui lui donnait un air d'enfant (aux yeux de lumière <3).

Lorsqu'il me remercia, je m'inclinai poliment. De même lorsu'il m'annonça que mon dessert était délicieux, mon visage s'illumina à son tour, son compliment me touchait vraiment, moi qui m'était attendue au pire, qu'il les jette, qu'il marche dessus et j'en passe U_u". Je désignais du menton un bac sur les bords du terrain, pour que nous nous y asseyons. Ca dernière phrase impliquait elle ma récompense, soit que nous nous revoyons? Je l'espérais vraiment, en tout cas. Car cela signifierait que je pourrais le revoir, et retrouver ce bien-être et cette détente qu'il m'apportait.

Cependant, je trouvais que son joli visage perdait ses couleurs, il devait vraiment aller mal, et si j'étais la source de ses maux, je m'en voulais sincèrement. Je le regardais manger de la même manière qu'il l'avait fait, deux mois auparavant, en me demandant tout ce qui avait bien pu se passer pendant ce temps là.

Suki m'indiquant d'aller s'asseoir, je la suivit sur le banc où je m'assis fatigué. Ma première boules de Soja terminée, je saisi la deuxième que j'observais un léger instant avant de la manger doucement. Je l'avais vu, et je le sentais dnas ma bouche, elle avait mit du temps à les préparer, c'était sûr. Je remarquais alors le soin qu'elle avait prit de mettre du caramel <3, comme le parfum de ma glace lors de notre première rencontre au parc.

Tout en mangeant, je réfléchissais, pour dire quelque chose, comblant le silence. Le mot de Suki m'avait touché bien sûr et je pensais à cet instant qu'elle attendait peut être une réponse, une réponse plus claire. Nous n'étions plus des enfants et pourtant nos histoires étaient aussi compliquées de l'extérieur alors que si simple intérieurement. Finissant ma bouche, et préparant un petit bilan dans ma tête, je m'apprêtais à lui répondre. Ce u'elle voulait entendre et moi aussi. J'essayais de faire court.

-Ces deux mois ont étés horribles, et si je continu comme ça je ne vais ps faire long feu.

C'était clair, et j'étais énervé de mes propres conneries vis à vis de mon foutu organisme qui n'en supportait pas autant que les autres.

-Mais c'est fini. Je pense que c'est clair; je préfère vivre avec toi en temps qu'ami plutôt que rien du tout. Mais bien sûr, il est possible que je continu à espérer, et tu ne pourra pas m'en vouloir pour ça... Mais si je tiens en temps qu'ami, tout ira bien je sais.

Oui, je le savais. Je n'avais juste besoin que d'un certain temps pour me ré habituer. Au moins au contact et à la vie saine. Ensuite, je n'aurai qu'a continuer de faire comme je faisais déjà avant d'avouer à Suki, que je l'aimais. Tout semblait clair dans ma tête mais j'espérais surtout que tout marcherait comme je le pensais.

J'étais contente de le voir manger ainsi et autant. Deux grosses boules de soja allaient fortement lui caler l'estomac. Je m'étais principalement beaucoup inquiétée à ce sujet durant cette période : "Se nourrissait-il convenablement ?". Avant, quand je le voyais maigrir ou pâlir, je préparais un plat que je montais à l'appartement, et je savais qu'il le mangeait. Il semblait si fragile, comme un tout petit garçon, avec son petit visage amical dont la peau était d'une pâleur mortelle.

Sa première réplique me donnais envie d'en savoir plus. Non pas par curiosité ou perversion, je voulais connaître l'enfer qu'il avait vécu et tenter de lui donner suffisament de bohneur pour qu'il l'oublie. Mais je le laissais continuer. Il semblait guérir petit à petit, c'était bon pour lui. J'étais en admiration face à sa force de caractère. Et en même temps, j'étais très fière de lui. A sa toute dernière phrase, j'aqquiessais en souriant, et ne pus empêcher mes bras de l'enlacer. Du fait que nous soyons assis sur un banc établissait une certaine distance entre nous, peut-être était-ce un signe? J'étais heureuse d'avoir retrouvé cette personne qui m'avait tant manqué. J'avais le sentiment que tout irait bien mieux, maintenant.

Apparemment, Suki était heureuse de ma "réponse". Très même. Je savais qu'elle tenait à moi, mais à ce point, je fut flatté. Bien que ce ne soit pas bien, j'en profitais un peu, sentant une bonne odeur, se dégageant de ses cheveux. Par contre... Moi je ne devais pas être des plus agréables à sentir. Je transpirais complètement, et ce qui m'avais arrêté tout à l'heure. Suki n'y avait pas prêté attention? C'était cute, mais pour éviter qu'elle s'écroule je me retirais.

Je la remerciai encore pour les boules de Soja, car j'avais très faim. C'était plutôt normal, vu que en fait je ne mangeais plus u__u". Pas vraiment par manque d'appétit, mais surtout que le petit budget que j'avais du mettre dans la nourriture était passé autre part. Mais maintenant, j'allais devoir redevenir raisonnable. Totalement. Je n'avais plus d'excuses à mes conneries. Face au silence, je ne savais quoi dire, alors, je dis quelque chose dans le contexte, pour éviter de sombrer dans un blanc

- C'est bien que tu sois venu...

(AAAAAAAAAAAAAAAAARG te laisse pas mourir de faim >.<)

Sa maigreur m'effrayait un peu c'était vrai. Pas parce que c'était laid, non, Katsuo avait une morphologie ainsi, qui ne me choquait pas trop, mais avec son teint pâle et sa mine fatiguée, il faisait vraiment malade. J'essayais de faire le tour de son bras en liant mes pouces et index, et, voyant que j'y parvenais, je levais mon visage vers le garçon, affichant une petite moue triste. Si j'avais sû, j'aurai doublé les rations de boules de soja. Finalement, c'était peut etre moi qui allais l'inviter au restaurant, et ce de gré ou de force.

Je sentais que l'ambiance le pesait, c'était palpable. Etais-je à ce point ennuyeuse U_u" ? A sa question, je ne pus qu'aquiescer. Cela signifiait que pour lui aussi, c'était une bonne idée et qu'il était près pour nos retrouvailles ! Mais je calmais tout de même mes débordements affectifs. Je n'étais pas sûre qu'il aime ça, mais je savais qu'il n'y était pas habitué. Cela le gênait peut être.

Ca me faisait étrange de reparler à Katsuo, que je croisais tous les jours en baissant la tête. C'est dans ses moments là qu'on se sent un peu immature. Je jetais un coup d'oeil à ma montre. Il commençait vraiment à se faire tard, même pour lui, ce n'était pas très prudent de rester seul dehors dans la nuit. Je récupérais la lettre et écrivis au dos :

*** Il se fait tard, je pense que je vais rentrer. Prends soin de toi, pas d'excès surtout ! ***

[T'inquiètes, je le fais pas souffrir du manque de nourriture ^_^. Mais si tu savais, enfin Sukinette, savait dans quoi passait le budget nourriture... Bwwhahaha]


La jeune fille passant ses doigts autour de mon poignet pour voir si elle faisait le tour, se fit doucement mais fermement rejeter, quand je me dégageais face à sa petite mine boudeuse. C'était un peu gênant car j'avais toujours été plutôt maigre et cela m'avait toujours fait honte. Mais bien sur, ces derniers temps question nourriture, ça avait été pire qu'a l'habitude, ce qui me rendait encore plus maigre bien qu'heureusement, je me prenais à un peu de sport régulier.

Peut être qu'un léger gêne s'installa par la suite, car nous ne disons rien. Remarque, pour Suki, cela était plus dur vu son mutisme. C'était ici à moi de parler et je ne le faisais pas. Mais oui, il y avait un peu de gêne, et au moins juste parce que nous nous reparlions à nouveau et que c'était une étape. J'espérais bien sur, quand même de pas l'avoir blessée par mon geste... Avant que je puisse réfléchir à quelque chose, elle griffonnait déjà quelque chose derrière sa lettre, que je comptais quand même bien garder.

-Ah.

Elle devait partir? Remarque, normal pour l'heure et pour une jeune fille. C'était toujours plus dangereux la nuit, et celle ci venait de tomber. Je soupirais, haussais les épaules avant de me redresser en avant. Je n'allais pas la retenir, surtout si rien ne venait à se dire. J'imagine que moi j'allais encore rester un peu là avant d'aller me doucher et peindre. Mon petit programme presque habituel. J'espérais tout de même pouvoir re dormir ce soir. Remarque, je pensais à quelque chose...

-Tu veux que je te raccompagne?

Une fois encore, c'était jamais très sur le soir, j'en savais quelque chose. Et il n’ était pas question qu'il lui arrive un truc bien sur. Je crois que même si elle refusait je le fairai ou peut être par derrière. JE connaissais aussi bien la filature après tout. ! Relisant finalement le papier, je complétais, avec un sourire que je voulais rassurant, et disais sans penser:

- Mais ne t'inquiètes pas pour ça, je gère.